Terre-Neuve

On avait le goût de partir loin!
De voir plein de choses qu'on ne voit jamais.

Nous sommes partis de bon matin en ce 23 juillet 2015, les yeux brillants et avec une seule idée en tête : enfin les vacances!!

3 semaines à passer ensemble, à découvrir une province que nous ne connaissions pas et de plus, c’était notre voyage de noces! Nous avions le cœur qui débordait d’énergie et de joie!

Nous avons donc quitté St-Jean-sur-Richelieu vers 5h00 le jeudi matin en direction du Nouveau-Brunswick.

On va se dire les vraies choses, la route pour se rendre au bord de la mer est assez ordinaire. Des champs…mais ça roule bien!

Nous nous sommes trouvé un super spot( gratuit) au Cap Enrage pour notre première nuit. Une belle plage de galets. Magique!

Le lendemain, nous avons été visité Hopewell rock et ses immenses rochers. L’endroit où les marées sont les plus hautes sur la planète. 

Étant donné que cette visite n’a pas pris si longtemps, nous avons décidé de nous diriger vers notre objectif : North Sidney. Nous avions réservé notre traversier pour le dimanche matin, n’était pas certains de la date que nous pourrions partir.

Mais qui sait? Peut-être pourrions-nous embarquer plus tôt!

Arrivés à North Sidney en soirée, nous sommes allés voir au port et c’était impossible de prendre le traversier plus tôt. Tout était plein.

Nous sommes donc partis à la recherche d’un endroit pour dormir.

Ne trouvant rien, nous nous sommes rabattus sur le parking du Walmart qui n’est pas génial mais somme toute assez pratique. Juste à coté du Tim Horton J

C’est sur qu’avec nos 2 gros toutous, les parkings de centre d’achat c’est un peu moyen, mais on finit quand même par trouver un endroit pour les faire se dégourdir et faire leurs besoins.

Donc le lendemain, puisque nous ne pouvions pas partir pour Terre-Neuve, nous avons donc décidé de faire la Cabot Trail.

Quelle belle route! Assez heavy pour le Westfalia quand même! Y’en a de la pente!

En première le pied dans le fond, ça monte pas vite.

Mais nous, on s’en fout, on dit toujours : on veut pas aller vite, on veut aller loin!

Ce soir là, en revenant, nous avons passer la soirée dans un parking municipale sur le bord de la mer et après 23h00, nous avions le droit d’aller nous placer en ligne pour notre départ du lendemain matin. Nous avons donc passé la nuit dans le parking du terminal maritime.

Y’avait du bruit, mais on était certains de ne pas être en retard…On avait tellement hâte!

Donc, vers 10h30, nous étions super fébriles, on a embarqué sur le navire, laissant nos 2 amis à 4 pattes dans le West, nous assurant qu’ils avaient tout ce dont ils avaient besoin pour les 6 prochaines heures.

Le navire est super luxueux, nous avons passé toute la traversée sur le pont. C’était vraiment super beau! Pas chaud par contre. Manteaux d’hiver et tuques étaient les bienvenus.

Puis après environ 5h30 de navigation, nous avons enfin vu Terre-Neuve!

Port aux Basques est une toute petite ville côtière, très pittoresque, avec des petites rues toutes croches qui n’ont visiblement pas été dessinées par un ingénieur urbaniste.

Nous avons décidé d’aller nous trouver un bel endroit pour dormir dans le coin de l’isle aux morts/ Rose Blanche.

Nous avons donc élu domicile pour une nuit, tout près d’une chute et nous étions sous le charme de cette ile! Après s’être promenés dans la toute petite ville de Rose Blanche, nous étions conquis!

Si Port aux Basques n’a pas été dessiné avec l’idée qu’un jour il y aurait beaucoup de circulation, Rose Blanche était encore bien plus folklorique!

Ce soir là, nous avons mangé une fondue au fromage et avons fêté notre arrivée sur l’ile!

Que de joie!

À 22h00, il faisait encore clair!

C’est aussi là qu’on s’est rendus compte, que Terre-Neuve, c’est pas chaud chaud et que y'a des maringouins comme nul part on en a vus au Québec de toute nos vies! L'Abitibi et le Lac St-Jean n'arrivent pas à la cheville de Terre-Neuve en maringouins!
Ce soir là, on s'est donc dit qu’on allait toute de suite, dès le lendemain nous rendre à Twillingate, qui est complètement en haut de Terre-Neuve. Pour ensuite redescendre tout la côte ouest et visiter toutes les petites villes que nous voulions visiter. À prime abord, nous n’avions pas prévu de nous rendre à St-John, mais plutôt de nous concentrer sur la partie ouest et centre de l’île.

Parenthèse ici. Nous avons beaucoup lu sur Terre-Neuve avant notre voyage. Et partout, vraiment partout, on nous parlait des orignaux! Des orignaux y’en a des tonnes à Terre-Neuve!

À croire ce qu’on lisait, ça se garoche sur les autoroutes!

Fin de la parenthèse, mais faut garder ça en mémoire, parce que tout le temps qu’on se promenait, on était à l’affût de L’ORIGNAL!

Car on avait vraiment l’impression qu’on en verrait une dizaine par jour!

Nous nous sommes donc rendus à Twillingate le lendemain de notre arrivée à Terre-Neuve. Après avoir fait le plein de victuaille à Corner Brook, où il y a tout ce qui est nécessaire, nous avons filer vers le bout du monde.

Nous avons trouvé un endroit merveilleux! Sur le bord de la mer, tout près d’une baie, c’était fabuleux!

On a donc décidé de passer 3 jours là. On pouvait se faire un feu et nous étions presque seuls. Un peu plus loin, nous avions quelques voisins en roulotte. Mais c’était très calme et privé. Le paradis!

On lévitait presque!

On a donc ouvert le champagne que nous avions reçu en cadeau de mariage et avons (encore) fêté!

Pendant la soirée, nos voisins sont venus nous voir. Visiblement, eux aussi fêtait un brin! C’était des niewfies. On a tellement rit avec eux! Vraiment sympathiques! Ils nous ont invités à partir le lendemain matin à la pêche en haute mer avec eux. Hey! Ça débutait bien!!

Le lendemain matin, nous nous sommes donc réveillés tout joyeux et avons entreprit de nous faire un déjeuner de la construction! Oeufs, bacon, patates…toute le kit!

Pendant que je cuisinais, Antoine décide d’aller vérifier le moteur, juste pour être certain que tout est ok…

Je le vois revenir avec des yeux que je qualifierais de…étrange...

-         Isa…y’a de l’huile dans le liquide de refroidissement

-         Oh! C’est pas bon ça hein?

-         Non, j’pense pas.

-         Est-ce que ça veut dire que y’a du liquide de refroidissement dans l’huile?

-         Je sais pas

-         Qu’est-ce qu’on fait?

-         Aucune idée

Donc, on s’est mit à réfléchir…

On pensait à nos belles vacances qui s’en venaient et qui risquaient de foutre le camp…Mais bon…pas de panique. Ce n’est peut-être pas si grave non plus. Nos gentils voisins niewfies sont venus nous voir et ont regarder le moteur, ils ont relevé la tête et nous ont regardé avec des gros yeux en nous disant : Well, it look bad…

Donc ils nous ont suggéré d’aller au garage Esso de la petite ville de Twillingate.

Adieu notre spot magique et adieu la pêche en haute mer, on a ramassé toutes nos choses et on est partis vers le garage Esso.

Bon, je vais vous épargner l’histoire au complet mais je vais faire un résumé.

On a donc été dans plusieurs garages et invariablement on nous regardait avec des gros yeux, personne dans ce coin là ne faisait de mécanique diesel. On nous a suggéré de nous rendre à Gander. Ayant possiblement en tête que la tête du moteur était peut-être en train de nous lâcher, on s’arrêtait très fréquemment pour vérifier le niveau de l’huile.On a donc été à Gander et après plusieurs arrêts, nous nous sommes retrouvés au City Tire où ils ont accepté de regardé le West le lendemain.

Quand t’es à 2500 km de chez vous avec 2 gros chiens, tu ne te sens pas gros quand ça t’arrive.

Scott, le commis au comptoir a été vraiment très gentil. Il nous a trouvé un super endroit où dormir. Mais la joie ressentie nous avait un peu quittée disons, on se promenait dans le West en ayant l’impression de se promener dans une bombe, ne sachant pas trop ce qui pourrait nous arriver…

Le moteur allait-il nous lâcher?? C’était notre plus grande peur. Parce que si on se fiait aux visages des mécaniciens qu’on avait vus, sur l’ile de Terre-Neuve, ça n’avait pas l’air courant des moteurs de Westfalia diesel des années 80!

Est-ce qu’on pourrait le faire réparer et combien cela coûterait-il? Et sinon, que ferait-on du Westfalia? Un remorquage nous coûterait combien jusqu’au Québec…Est-ce qu’on peut embarquer 2 adultes et 2 gros chiens dans une remorqueuse sur 2500 km?

Sinon,  comment ferait-on pour retourner chez nous?

L’avion étant exclu, nous avions nos 2 compagnons à 4 pattes.

Bref, des nouvelles questions que nous n’avions pas prévues hantaient nos têtes ce soir là.

-Nous nous sommes donc couchés avec le soleil, exténués de tant de questions et d’angoisses.

L’endroit où nous étions était situé tout près d’un lac et très isolé, nous étions seuls.

Vers 22h00, on s’est réveillés parce les chiens grognaient. On a donc été à l’affut des bruits extérieurs.

On entend soudainement dans le bois :

Hey!!!

Hey!!

o.O

On regarde dehors et au loin, on voit une lampe de poche briller.

Bon rétrospectivement, ça semble peut-être niaiseux, mais dans notre état d’angoisse, on se dit : y’as-tu des maniaques à Terre-Neuve?

On vérifie que nos portes sont bien barrées et on attend.

Réveillés, angoissés, on se demande si on doit partir de cet endroit.

Mais pour aller où? Au Walmart? Qui est sommes toutes assez loin.

Et en pleine nuit noire…avec TOUS LES DANGEREUX ORIGNAUX qui se bousculent potentiellement sur les routes. On décide donc que le risque d’avoir un moteur brisé à Terre-Neuve et de se faire attaquer par un Niewfie en même sont presque nuls.

On se colle et se rendort.

Le lendemain matin, nous nous levons tôt et partons pour le garage.

Pendant que notre maison roulante se fait inspecter, on sort les chaises de camping et on s’assoit au soleil parmi les pneus usagés dans la cour du City Tire.

Et on se dit que ça pourrait être pire.

À sa pause, Scott, le commis, sort nous voir.

Il nous dit : Hey, désolée pour hier soir si je vous ai fait peur…

Nous : o.O

Oui, oui c’était moi dans le bois, je pensais que vous faisiez un feu et j’allais boire une bière avec vous.

HAHAHAHA!

On apprend donc que sa femme l’a mit dehors et qu’il vit dans sa voiture, campant le soir où il nous avait envoyé dormir.

On a donc pu mettre un nom sur notre potentiel agresseur ;-)

Plusieurs heures plus tard, la mine basse, le mécanicien nous apprend que selon ses tests, probablement que la tête du moteur était fissurée et que le seul bon conseil qu’il peut nous donner est de retourner chez nous rapidement tout en vérifiant le niveau d’huile souvent.

Tristes, déçus, découragés et abattus, on quitte Gander, Scott et on voit notre beau voyage de découvertes s’envoler en fumée.

On décide donc de prendre (encore) une nuit pour réfléchir.

La question à se poser étant : peut-on passer nos vacances ici tout en sachant qu'on ne serait peut-être pas capable de rentrer chez nous comme on était venu?

Que faire?

On a évalué vraiment beaucoup de possibilités, allant de : on retourne au Québec et on s’arrête à l’Ile aux Coudres pour 3 semaines (en espérant se rendre), on retourne chez nous et on part dans le sud pour 2 semaines ou encore : on se trouve un endroit ici, on s’arrête et on reste là.

Cette dernière solution fut finalement notre choix. Partant du fait qu’on n’avait pas le choix de retourner chez nous, le faire tout de suite ou dans 2 semaines ne changeait en bout de ligne absolument rien.

Sauf comme mentionné précédemment : pouvait-on passer des belles vacances tout en sachant que tout ça nous pendait au bout du nez.

On s’est donc dit qu’on n’était définitivement pas des Hobbits et nous, l’aventure, on aime ça!

Nous nous sommes donc dirigés vers le parc Gros Morne, en vérifiant le niveau d’huile et nous avons passé les prochaines 2 semaines, dans ce décor formidable!

Étant des personnes résilientes, nous avons rapidement fait le deuil de visiter l’île au complet et nous avons vu dans ce pépin, l’occasion de nous arrêter et de prendre le temps…

Nous avons donc réservé pour les 14 prochains jours dans un camping de Parc canada à Cow Head sur la côte nord-ouest de l’île.

Nous avons été agréablement surpris par la linguistique de Parc Canada. Tout est bilingue!

Le parc national du Gros Morne est  nommé d'après le Gros Morne, le second plus haut sommet de l'île.

D'une superficie de 1 805 km2, le parc est particulièrement réputé pour la richesse de sa géologie. Il est aussi reconnu pour la beauté de ses vallées glaciaires, dont celle de l'étang Western Brook que nous avons visité à pieds. Marche de 15 km.

Attention : sur le petit dépliant de Parc Canada, il était inscrit que cette randonnée prenait de 2 à 3 heures. En réalité, elle nous a prit 7 heures. Mais ça valait la joie!

Habitée par diverses tribus depuis plus de 5 000 ans, la zone du parc fut aussi l'une des premières régions des Amériques fréquentées par les Européens, d'abord par les Vikings au Xe siècle et ensuite par les pêcheurs basques, français et anglais. Le parc du Gros Morne fut reconnu comme site du Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1987.

Nous ne pouvions pas grimper le Gros Morne puisque les toutous n’y sont pas admis. Nous nous sommes donc rabattus sur les Tablelands.

Grimpez les Tablelands donne vraiment une sensation de puissance. C’est haut, et il n’y a aucun sentier balisé. Chaque randonneur doit créer son propre trajet. Mais quelle joie lorsqu’on se retrouve enfin au sommet.

Indescriptible!

La vue y est magnifique : d’un coté l’océan à perte de vue et de l’autre, les montagnes à couper le souffle.

Nous avions un horaire qui allait à peu près ainsi : une journée de randonnée, une journée de repos. Bien que nous ne pourrions pas le qualifié de caniculaire, le temps sur la cote occidentale était très confortable. On a même pu se baigner certaines journées.

Au sujet de Terre-Neuve. Dans les grandes villes, il y a de tout. Exactement comme ici. Mais aussitôt éloignés, on se retrouve à attendre le jeudi parce que l’épicerie du village ne reçoit de la crème à café que le jeudi.

Le comptoir de fruits et légumes de la dite épicerie ne compte que 2 lbs d’oignon, quelques carottes et un sac de piment. Le département de la viande quant à lui, tient dans un frigo et la viande y est congelée.

Dire que la variété alimentaire est inexistante est assez juste.

Par contre, comme je le disais précédemment, on peut faire des provisions dans les plus grandes villes, où il y a à peu près de tout comme ici. Mais un peu plus cher…Transport oblige.

Pour ce qui est du vin et de la bière, comme vous l’avez vu sur les photos, on avait apporté des provisions et on avait bien fait.

Une caisse de 24 bières coûte 50$ et pour le vin, le choix est plus que restreint.

Nous sommes donc revenus à la fin de nos vacances, en un seul morceau et le moteur a tenu jusqu’à St-Jean. Nous l’avons rentré au garage et finalement, ce n’était même pas la tête du moteur qui était brisée mais plutôt le refroidisseur d'huile. Pas très grave en bout de ligne.

On a appris de ce voyage. On a appris que ça ne sert à rien d’avoir de trop grandes ambitions quand on part. Mieux vaut pour nous voir le temps aller et visiter au gré des jours, selon ce que la vie nous offre. En certains cas, c’est un moteur brisé mais le luxe de se reposer en amoureux et on l’accepte maintenant avec gratitude et reconnaissance.

ps: On a aussi appris que y'a pas TANT d'orignaux que ça à Terre-Neuve. En 3 semaines, on en a vu aucun!  ;-)